« Rose pour les filles, bleu pour les garçons » vous n’avez jamais entendu cette phrase ? Eh bien, c’est peut- être car elle est entrée dans les mœurs et qu’il n’y a plus rien de choquant à cela. Entre les magasins, les catalogue de jouets, en passant par les publicités, la société véhicule (malgré elle?) de multiples clichés.

Il est légitime de se demander si la société actuelle ne conforterait-elle pas les clivages de genre dès la petite enfance ?

Le sexisme au travail

Selon une enquête menée et publiée par LH2, 80% des femmes et 56% des hommes disent avoir été témoins de sexisme dans le monde professionnel. Honnêtement, qui d’entre vous n’a jamais entendu ce genre de phrases ? :

  • « Elle est hystérique, je me demande comment elle est arrivée à ce poste, elle a dû coucher ».

  • « Laisse tomber, elle est de mauvaise humeur, elle doit avoir ses règles ».

Ces propos outrageux, souvent considérés comme plus bêtes que méchants, sont devenus une triste réalité tolérée de nos jours.

Plus de 50% des femmes estiment que leur sexe représente un frein dans leur carrière professionnelle :

  • absence d’augmentation ou de prime (36%),

  • absence de promotion (35%),

  • absence d’attribution de mission (31%),

  • sentiment de ne pas être traité de la même manière que les hommes (50%).

46% des femmes avouent avoir déjà eu le sentiment de s’être fait confiée des tâches ingrates/dévalorisantes par rapport à leurs compétences et, 90% des femmes considèrent que faire carrière en tant qu’homme est plus facile. Mais bonne nouvelle, il s’avère que la gente masculine se montre d’accord avec ce constat ! Mais, fait-elle réellement quelque chose pour changer cette réalité ? Eh bien, 56% des hommes en ont conscience certes, mais 13% d’entre eux estiment que le sexisme est « normal » car il ferait partie du « jeu des relations hommes/femmes ». C’est un bien triste constat, d’autant plus que 13% des femmes pensent la même chose !

De nos jours, être une femme avec des responsabilités serait encore « marginal ». Par exemple, si une femme demande à un homme de répéter une explication, on s’attendra souvent à une réponse de ce type : « elle fait sa blonde ». Il faut savoir que ce genre de phrases ahurissantes a déjà été entendu par 69% des femmes.

Et les surnoms ? Si on en parlait ? Il ne faut pas se mentir, la plupart d’entre vous a sûrement déjà entendu : « ma cocotte », « ma petite », « ma puce », « ma grande » pour désigner l’une de vos collègues, voire vous-même. Et si ce n’est pas le cas, vous faites partie des rares exceptions puisque 1 femme sur 2 affirment qu’un homme l’a déjà interpellée en utilisant un de ces sobriquets, et 38% des hommes affirment en avoir été le témoin.

« Les hommes voient le sexisme, mais ils en minimisent encore les conséquences sur les carrières et le bien-être au travail des femmes. Il reste donc un gros travail de sensibilisation et de formation à faire… ».

Quelles en sont les conséquences ? Le sexisme quotidien a une conséquence sur le comportement des salariés. Il déstabilise le travail de ceux qui les subissent et par conséquent, impacte sur la confiance en soi.

Et si le sexisme avait une origine beaucoup plus précoce?

Cela fait déjà longtemps que les petites filles vont à l’école avec leur cartable rose sur le dos, alors que les petits garçons ont des cartables de couleurs plus foncés avec des imprimés Spiderman (et compagnie). Rien de bien grave à première vue, sauf s’il s’agit d’un phénomène généralisé qui renforce les clichés sur les sexes. Le gros problème est que ces rôles stéréotypés sont rarement à l’avantage des filles, invitées à s’occuper de la maison, à pouponner, à rêver au prince charmant et à se préparer à lui plaire en soignant leur apparence. Les garçons, quant à eux, sont incités à se projeter dans le monde extérieur, un monde d’action, d’aventure et de compétition…

Beaucoup de parents vous diront « ce sont mes enfants qui réclament eux-mêmes quel jouet ils veulent » comme si leurs goûts étaient de l’ordre de l’innée. Mais en vérité, les parents savent-ils que leur représentation d’une situation dépend majoritairement du sexe de l’enfant ? :

  • Lorsqu’un nourrisson fille pleure, ils ont tendance à dire que c’est parce qu’elle a peur

  • Lorsqu’un nourrisson garçon pleure, ils ont tendance à dire que c’est parce qu’il est en colère

Dès notre plus jeune âge, les adultes, parents et éducateurs-trices, ont donc des attentes, des attitudes et des projections différentes sur les filles et les garçons , et cela participe au conditionnement social.

Proposés dès le plus jeune âge, les jouets sexistes peuvent induire un conditionnement, qui n’est peut-être pas sans répercussion sur le choix ultérieur de l’orientation scolaire et des métiers. Il est connu que les jouets assignés aux filles sont souvent ceux qui reprennent les professions de secrétaire, infirmière, caissière, esthéticienne… Tandis que pour les garçons on retrouve plus communément les professions tels que : chercheur, informaticien, pilote…

Mais ce clivage reflète-t-il la réalité actuelle ? Le domaine du travail reste en effet caractérisé par des clivages de genre et des inégalités : le taux de chômage des femmes est plus élevé, l’écart de rémunération de est 27 %, l’accès aux postes de décision est plus difficile pour les femmes. Et qu’en est-il de la prise en charge de la vie familiale ? Elle pèse encore aujourd’hui essentiellement sur les femmes.

Mais alors, comment expliquer que les catalogues de jouets et rayons des magasins proposent d’aussi vieux schémas ? Ne sont-ils pas en contradiction avec les efforts des politiques publiques en faveur de l’égalité et contre les discriminations ? Tandis que la grande majorité des femmes travaillent, pourquoi les albums de jeunesse se bornent-ils à les représenter à la maison sans même évoquer le fait qu’elles pourraient avoir une occupation professionnelle ? Alors que des pères s’occupent de leurs enfants, pourquoi apparaissent-ils encore scotchés dans leur fauteuil fumant la pipe comme il y a 50 ans ?

Petit indice, c’est une loi du marketing : plus on crée de cibles, plus on vend. Même des jeux de cartes, de société et de stratégie, qui auparavant étaient unisexe, sont maintenant conçus avec un « univers de fille » et un « univers de garçons » ; ceci rend plus difficile la mixité des joueurs et les échanges entre filles et garçons. On le voit, les impératifs marketing du « diviser pour mieux vendre », ne vont pas dans le sens d’un « jouer ensemble », préalable pourtant à un meilleur « vivre ensemble ».

Le but n’est pas de refuser des jouets à une fille ou un garçon, mais d’ouvrir l’éventail des choix et d’éviter de traiter de « garçon manqué » une fille qui veut des voitures et de se moquer d’un garçon intéressé par les poupées. Notons quand même que la pression familiale et sociale qui s’exerce sur les garçons intéressés par les jouets dits de filles, est plus forte que le cas inverse.

Mais alors, le marketing a-t-il atteint sa limite déontologique ? Pouvons-nous dire qu’il a un part de responsabilité dans le sexisme actuel ?

En tout cas, une chose est sûre, l’égalité des sexes est un combat de longue haleine !

Sources:

  • « http://www.francetvinfo.fr/france/garcon-qui-pouponne-fille-qui-bricole-les-catalogues-de-jouets-deviennent-moins-sexues_162995.html » France TV info
  • « http://www.europe1.fr/France/Salut-poupee-ou-le-sexisme-ordinaire-au-travail-1745795/ » Europe 1
  • « http://www.leparisien.fr/societe/parite-le-sexisme-toujours-une-plaie-dans-l-entreprise-18-12-2013-3420019.php » Le Parisien

———————-

lyndaLynda HOANG
Stagiaire chargée de communication et de marketing chez SpotPink. Actuellement en 2ème année de Techniques de commercialisation, je m’intéresse fortement à l’évolution des réseaux sociaux et à leur impact sur notre génération. Je suis également passionnée par le graphisme et par tout ce qui touche aux logiciels de montages vidéos/photos.