Collège de Pataphysique

Comment ne pas sourire, voire rire aux éclats (pour les plus extravertis de nous), à la lecture de ce texte découvert dans Facebook ?
Ces écrits sont si poignants de réalisme, y compris lorsque le surréalisme entre par effraction dans la vie réelle de citoyens non préparés à ce qui leur arrive (pour compléter une des expressions d’une psychologue qui parlait d' »effractions psychiques » sur un autre sujet)…
Ce texte utilise l’humour comme arme et mécanisme de défense, pour rationnaliser ce qui se conçoit difficilement.

SpotPink ne résiste pas à l’envie de partager ici le texte de voeux dont l’auteur est, par la présente, désigné comme le grand gagnant du (non) concours du meilleur texte de voeux 2016. Une « enquête de bienveillance » est actuellement en cours pour identifier l’auteur de ce texte et, le remercier de façon plus méritante que celle de la simple action d’un copier/coller. Pour l’heure, ce que nous savons seulement est, que l’auteur est un membre éminent du collège de Pataphysique…

« Comme 2016 promet de ne pas être très simple en France, mon épouse et moi-même qui envisagions de vous adresser nos meilleurs voeux pour 2016 de manière classique nous sommes aperçus de l’imprudence de la formulation prévue.

Vous souhaiter une bonne année, une bonne santé et la prospérité nous soumet en effet au risque de poursuites pénales… Nous avons rectifié la version de nos vœux pour la mettre en conformité avec le principe de précaution inscrit dans la Constitution, et vous la présentons ci-après:
Nous vous prions d’accepter, sans aucune obligation implicite ou explicite de votre part, nos vœux à l’occasion du solstice d’hiver et du premier de l’an, en adéquation avec la tradition, la religion ou les valeurs existentielles de votre choix, dans le respect de la tradition, de la religion ou des valeurs existentielles des autres, ou dans le respect de leur refus, en la circonstance, de traditions, religions ou valeurs existentielles, ou de leur droit de manifester leur indifférence aux fêtes populaires programmées.
Ces vœux concernent plus particulièrement :
la santé, ceci ne supposant de notre part aucune connaissance particulière de votre dossier médical, ni une quelconque volonté de nous immiscer dans le dialogue confidentiel établi avec votre médecin traitant ou votre assureur avec lequel vous auriez passé une convention obsèques ;
la prospérité, étant entendu que nous ignorons tout de la somme figurant sur votre déclaration de revenus, de votre taux d’imposition et du montant des taxes et cotisations auxquelles vous êtes assujettis ;
le bonheur, sachant que l’appréciation de cette valeur est laissée à votre libre arbitre et qu’il n’est pas dans notre intention de vous recommander tel ou tel type de bonheur.

NB 1 :
Le concept d’année nouvelle est ici basé, pour des raisons de commodité, sur le calendrier grégorien, qui est celui le plus couramment utilisé dans la vie quotidienne de la région à partir de laquelle ces vœux vous sont adressés.
Son emploi n’implique aucun désir de prosélytisme. La légitimité des autres chronologies utilisées par d’autres cultures n’est absolument pas mise en cause.
Notamment :
– le fait de ne pas dater ces vœux du Yawm as-sabt 1 Safar de l’an 1434 de l’Hégire (fuite du Prophète à Médine) ne constitue ni une manifestation d’islamophobie, ni une prise de position dans le conflit israélo-palestinien.
– le fait de ne pas dater ces vœux du 2 Teveth 5773, ne constitue ni un refus du droit d’Israël à vivre dans des frontières sûres et reconnues, ni le délit de contestation de crime contre l’humanité.
– le fait de ne pas dater ces vœux du 3ème jour (du Chien de Métal) du 11ème mois (Daxue, Grande Neige) de l’année du Dragon d’Eau, 78ème cycle, n’implique aucune prise de position dans l’affaire dite « des frégates de Taïwan ».
– le fait de ne pas dater ces vœux du Quintidi de la 3ème décade de Frimaire de l’an 221 de la République Française, une et indivisible, ne saurait être assimilé à une contestation de la forme républicaine des institutions.
Enfin, l’emploi de la langue française ne sous-entend aucun jugement de valeur.
Son choix tient au fait qu’elle est la seule couramment pratiquée par l’expéditeur.
Tout autre idiome a droit au respect tout comme ses locuteurs.
Clause de non responsabilité légale :
En acceptant ces vœux, vous renoncez à toute contestation postérieure.
Ces vœux ne sont pas susceptibles de rectification ou de retrait.
Ils sont librement transférables à quiconque, sans indemnités ni royalties.
Leur reproduction est autorisée.
Ils n’ont fait l’objet d’aucun dépôt légal. Ils sont valables pour une durée d’une année, à la condition d’être employés selon les règles habituelles et à l’usage personnel du destinataire.
A l’issue de cette période, leur renouvellement n’a aucun caractère obligatoire et reste soumis à la libre décision de l’expéditeur.
Ils sont adressés sans limitation préalable liée aux notions d’âge, de genre, d’aptitude physique ou mentale, de race, d’ethnie, d’origine, de communauté revendiquée, de pratiques sexuelles, de régime alimentaire, de convictions politiques, religieuses ou philosophiques, d’appartenance syndicale, susceptibles de caractériser les destinataires.
Leurs résultats ne sont, en aucun cas, garantis et l’absence, totale comme partielle, de réalisation n’ouvre pas droit à compensation.
En cas de difficultés liées à l’interprétation des présentes, la juridiction compétente est le Tribunal habituel du domicile de l’expéditeur.

NB 2 :
Le fait d’avoir choisi la police de caractère « helvetica » ne présuppose évidemment pas de jugement de valeur sur la Suisse.
(Finalement, afin d’éviter tout problème,elle peut être remplacée par « Comic Sans MS)
L’emploi de NB (terme latin Nota Bene) ne sous-entend aucune prise de position. Il est dû aux habitudes linguistiques de l’expéditeur et pourrait très bien être remplacé par « Ah au fait ! » ou toute autre expression plus moderne.

Le choix de NB plutôt que PS (Post Scriptum) n’est pas forcément discriminatoire envers un parti politique et ne doit pas être pris pour un signe ostentatoire de préférence. »